Pour faire cour, disons que vous venez de signer votre arrêt de mort... Nan,je blague! PV-Rain et Logan

Quand on vous parle de Virginia Beach, vous pensez tout de suite à ses plages de sables fins, à ses filles en bikini, à ses surfeurs, à son soleil…
Du moins, c’est ce que vente le prospectus qu’on vous offre à l’office de tourisme. On se dit alors : « Ouah, il faut qu’on aille là bas ! »
C’est ce dont je me souvenais, quand, une fois dans l’avion qui me ramenait aux Etats-Unis, une ville toujours ensoleillée, avec ses surfeurs, ses plages de sables fins, ses filles en bikinis.
Pour les plages de sables fins, je dis pas. Pour les filles en bikinis, les surfeurs et le soleil, on repassera. J’étais en ville depuis deux jours et même à Paris, je n’avais jamais eu aussi froid. On peut dire que j’avais mal choisi ma période. A part deux ou trois cinglés, il n’y avait pas foule sur la plage (et encore moins de filles en bikinis).
Mais heureusement, il n’y avait pas foule non plus dans le bar. Je déteste devoir hausser la voix pour me faire entendre. Avoir une discussion dans le calme est bien plus préférable. Je dévisageais les personnes présentes. Nope. Ils n’étaient pas encore là. Je baissais mes yeux sur ma montre. 15h10. J’étais en avance de dix minutes. En soupirant, je partis m’assoir à une table du fond du bar. J’allais pas rester près de la porte alors qu’il faisait – 10 dehors, ça va pas non ?
Tout en m’asseyant, je pensais distraitement à mes nouveaux collègues, tout en essayant de me souvenir de ce que le directeur m’avait dit à leur sujet :
D’abord, il y avait la prof de photographie… Rain quelque chose… Followay ! Elle était là depuis trois ans et c’était elle qui devait nous en dire plus sur le fonctionnement de Strayer. Ah oui. Elle avait mon âge et était plutôt mignonne (si je me souvenais bien de la photo que le directeur m’avait montrée.)
Ensuite, il y avait Logan Griffin, qui était là depuis moins d’un mois. Un petit nouveau comme lui. Sauf que ce « petit nouveau », prof de théâtre de son état, avait 36 ans et ressemblait fortement à une de ses personnes qu’on n’a vraiment pas envie d’avoir comme ennemi. Je l’aurais plutôt imaginé en prof de gym.
Il m’avait aussi parlé d’un prof d’histoire mais je n’avais pas retenu son nom (ni quoi que ce soit à son sujet d’ailleurs.)
Et puis il y avait moi, le petit prof de dessin fraîchement débarqué. Avais-je fait le bon choix d’accepter ce poste ? N’avais-je pas été un peu trop présomptueux pour ce premier job ?
J’allais me retrouver face à des étudiants qui n’étaient pas beaucoup plus jeunes que moi. J’allais me faire zigouyer c’était sûr.
Comme l’avait dit le directeur : « Bienvenue dans la jungle qu’est Strayer ! »

Citation :

Homme _ « Ah, Mlle Followay, vous tombez bien. J'ai a vous parler. »
Rain _ « Je vous écoutes Monsieur »
Homme _ « Vous avez surement entendu, aux détours des couloirs, que de nouveaux professeurs ont fait leur arrivée à l'université. De votre côté, vous faite parti des nôtres depuis trois ans déjà. Inutile donc de préciser que je vous fait confiance. »
Rain _ « Où voulez vous en venir exactement ? »
Homme _ « Et bien, je n'ai pas le temps de leur faire mon fameux discours sur l'établissement. J'aimerais que vous vous en chargiez, si possible »
Rain _ « Je ne suis pas convaincue d'être la mieux placé pour faire cela mais, puisque vous le voulez... »

J'avais entretenu ce dialogue avec le directeur de l'université il y a de ça quelques minutes. A peine avais-je acquiescé sa demande d'un signe mou de la tête, qu'il me tendait déjà une enveloppe blanche que je m'empressais de saisir. Alors comme ça, je devais désormais faire les discours de bienvenue à sa place ? Mon rôle n'était pas réellement là mais que voulez vous, je n'allais pas risquer de perdre mon emploi sur un simple sous-entendu de ce genre. Laissant claquer mes talons dans le dédale des couloirs de l'université, je me dirigeais d'un pas décidé vers la sortie, commençant d'ors et déjà à décacheter l'enveloppe qui m'avait été remise. Je découvris alors avec stupeur deux portraits d'hommes sur lesquels figuraient leurs noms et une petite lettre, sans doute rédigée par les soins de la chère secrétaire de Monsieur le directeur. Logan Griffin et Nathanael Summers. Vaguement, leurs noms me disaient quelque chose. Sans doute les avais-je déjà entendu sortir de la bouche de certains de mes élèves, où peut être même les avais-je déjà croisé dans l'enceinte de Strayer, oui, surement.
Quoi qu'il en soit, j'apprenais également aux détours de quelques lignes qui je lisais en diagonales, que ces deux professeurs et moi-même, avions rendez-vous à quinze heures et vingts minutes au bar de la ville. Jetant un coup d'œil rapide sur la légère montre argentée qui ornait mon poignet, je me rendit bien vite compte qu'en réalité, il ne me restait que peu de temps pour faire le déplacement. Dix minutes exactement. Il me restait dix simples et uniques minutes pour me rendre, à pied, au bar. Dès lors, mes pas s'accéléraient bien rapidement, laissant mes talons claquer contre le bitume. Allez-je être en retard ? Je ne l'espérais guère. Après tout, qu'allaient donc penser mes nouveaux collègues si jamais ils devaient m'attendre ?

Au final, c'est à l'heure pile fixée pour le rendez-vous, qu'essoufflée par le rythme de marche que je m'étais infligée, que je franchit la porte du "Beach bar". Les lieux étaient assez desserts pour un après-midi, le temps y était surement pour quelque chose. Restant alors figée dans l'entrée, j'observais les quelques personnes agglutinées au chaud, au fond de la salle, cherchant du regard les hommes à qui je devait faire ce fameux discours. Je fut cependant obligé de ressortir les deux photos de l'enveloppe qui les retenait pour reconnaître l'un d'eux, vers qui je m'avança immédiatement.
Rain _ « Nathanael je suppose ? Enchanté, moi c'est Rain, professeur de photographie de l'université »

Directeur : "Logan Griffin, vous voila enfin. J'ai bien crû que vous aviez déserté l'établissement, cela fait vingt minutes que je vous cherche."
Il souriait assez bêtement. Néanmoins je décidais de lui prêter un minimum d'attention. Où voulait-il que je sois? D'accord, le temps ne donnait pas spécialement envie de traîner devant l'établissement pour fumer une cigarette, mais on est fumeur accroc, ou on ne l'est pas. Je me contentais néanmoins de lui repondre de ma voix rauque, en mettant en avant mon paquet de Marlboro :
Logan : "L'appel du tabac..."
Je le dévisageais, attendant qu'il reprenne la parole. Par pure logique, s'il me cherchait, c'est qu'il me voulait quelque chose. Et bien qu'il accouche. Je me retenais de taper du pied, fronçant néanmoins les sourcils. Ce directeur semblait à la fois sévère et tentait tant bien que mal de mettre de l'humour à ses paroles, comme pour détendre l'atmosphère. Pourtant j'étais détendu, très détendu, à moins que ce soit à lui de se calmer. Je semblais l'intimider. Etrange.
Directeur : "Je souhaitais vous prévenir plus tôt mais comme je ne vous trouvais pas... soit. Je n'ai malheureusement pas le temps de vous expliquer comment fonctionne l'établissement, de plus, je ne peux pas vous tenir un discours de bienvenue, à vous ainsi qu'à un nouveau professeur, monsieur Summers. J'ai donc chargé une enseignante, présente à Strayer depuis trois ans, de le faire."
Logan : "Et...?"
Qu'il m'excuse si je transportais une certaine arrogance avec moi. C'est devenu tellement naturel...
Directeur : "Et bien, vous avez rendez-vous avez elle et monsieur Summers au Beach Bar dans environs... une minute."
De nouveau je fronçais les sourcils.
Logan : "Vraiment?"
J'avais le petit espoir qu'il plaisantait.
Directeur : "Vraiment. Vous feriez bien de partir maintenant."
Il avait une mine désolée sur le visage. Je n'allais pas le frapper, qu'il cesse de me craindre ainsi. Je secouais négativement la tête, prenais une dernière bouffée de ma cigarette puis m'obligeais à acquiescer. Je n'avais pas vraiment le choix. Je lui adressais un sourire en coin en lui tendant mon mégot de cigarette. Et non, je n'avais pas le temps de le jeter à la poubelle que déjà j'enfilais mon casque de moto et mes gants en cuir. Le véhicule gronda et démarra, alors que je sortais du parking de l'établissement. Un léger signe de la main en guise de salut, et je disparaissais. Je ne pris que quelques minutes à me rendre dans ce bar que je connaissais plutôt bien. Pour cause, j'y passais la plupart de mes soirées depuis que j'étais arrivé à Virginia Beach pour la seconde fois de ma vie. Au moins, il avait choisit un endroit agréable pour que nous nous rencontrions. Je connaissais assez bien le barman. Je l'avais vu sept ans plus tôt, avant de revenir dans cette ville. Nous avions été heureux de nous revoir. J'entrais dans le bar, mon casque de moto à la main, mes gants dans l'autre. J'étais élégamment vêtu, d'une chemise blanche, d'un pantalon de costume noir, d'une veste ainsi que d'une cravate de la même couleur. En passant le seuil de la porte, la petite sonnette habituelle retentit légèrement et le barman leva les yeux.
Barman : "Hey ! L'Irlandais ! Ca fait plaisir de te voir en pleine journée."
J'esquissais un sourire, m'approchais de lui et posais le casque de moto sur le comptoir avant de lui serrer la main de façon virile.
Logan : "Tu vas bien?"
Barman : "Très bien merci. Quel bon vent t'ammène?"
Logan : "Et bien, je suis censé rejoindre deux collègues ici dont j'ignore totalement les visages..."
Sur ses mots, je tournais la tête vers la droite, comme si je les cherchais. Un homme et une femme ensemble attirèrent mon attention. Etaient-ce eux? Charmante enseignante que voila... J'aurais juré qu'elle venait d'Europe du Sud ou bien d'Amérique Latine.